Le travail à domicile est le socle de l’économie. La vente à domicile est par exemple une forme renouvelée des petits commerces qui se faisaient autrefois devant chez soi. Cet article propose d’observer succinctement l’histoire du travail à domicile en démontrant que les réticences à son égard sont portées essentiellement par la grande distribution et les industriels.
Du travail salarié à domicile au processus d’industrialisation
Le XIXè siècle constitue l’âge d’or du travail à domicile. Paradoxalement il cohabite avec les mouvements de révolution industrielle. Le secteur textile où la mécanisation est parfois incomplète profite pleinement au travail à domicile. Un lien se maintient entre les industriels rationnalisant les productions dans les ateliers et les travailleurs à domicile palliant à leurs insuffisances.
Le XXè siècle offre enfin un cadre législatif au travail à domicile
Durant la première guerre mondiale le travail se féminise de plus en plus surtout dans les travaux d’aiguilles et de confections. Face à ce mouvement le milieu industriel y perçoit une menace directe sur leurs ateliers. Se met en place le sweating system ou système de la sueur qui correspond à une organisation de travail basée sur la sous-traitance et sur l’exploitation de travailleurs à domicile sous-payés. L’encadrement législatif du travail à domicile y puise ses racines.
La prise de conscience de l’opinion publique sur les conditions de travail désastreuses et l’émergence du syndicalisme aboutissent à la loi du 10 juillet 1915 dite loi de protection du travail féminin. Si le secteur de l’habillement est l’unique concerné d’autres suivront : accessoires du vêtement (1922) maroquinerie (1926) empaquetage vannerie tissage de soie (1935). Cependant jusqu’en 1941 le travail à domicile n’a pas accès au code du travail à cause des arguments apportés par les industriels comme l’obligation des notions de subordination et de propriété de l’outillage. C’est la loi de 1957 qui offre aux travailleurs à domicile les mêmes droits qu’un salarié en entreprise.
Le travail à domicile toujours vaillant
Tout au long de l’histoire du travail à domicile les grandes industries ont tout fait pour que les travailleurs intègrent leurs ateliers puis leurs usines. C’est en partie la cause de la baisse des effectifs des travailleurs indépendants jusqu’au début des années 80s. Actuellement si l’image du travailleur indépendant contient toujours ces réticences infondées le contingent de travailleurs à domicile repart à la hausse. Il propose de réels atouts comme la spécification et un savoir-faire de grande qualité. D’autres facteurs moins reluisants persistent : flexibilité variable d’ajustement bas coût salarial forte productivité faible capacité à se mobiliser…
La vente directe participe à l’essor du travail à domicile puisqu’il est la 3ème voie de distribution en France. La vente directe se définit par la coprésence d’un vendeur et d’un acheteur hors d’un lieu de commercialisation. Avec un chiffre d’affaire estimé à 3 7 milliards d’euros regroupant 480 000 vendeurs la vente directe ne cesse d’offrir de nouvelles opportunités. Son champ d’action est large : commerciaux ouvriers techniciens cadres. Malgré les réticences historiques véhiculées par les industriels et reprises par la grande distribution à l’encontre de la vente à domicile, notamment dans le secteur des vêtements ou des cosmétiques, la vente à domicile résiste et propose une précieuse l’alternative à la vente à distance ou par correspondance.
Pour aller plus loin : publication du Ministère du Travail sur l’histoire du travail à domicile (format PDF)